La Course à l’exploration de nos jours

Moins connue que la course à l’Espace, la course ou guerre des Abysses représente aujourd’hui de véritables enjeux pour notre planète.


Le terme abysse, provient du latin abyssus, et du grec abussos, qui signifie « sans fond ». En effet, les trois quarts des fonds océaniques se situent à plus de 3000 mètres de profondeur. Ce n’est cependant qu’à partir de 4000 mètres que l’on peut employer le terme d’abysse. Les abysses est un lieu où la pression dépasse de 300 fois celle de l’atmosphère en surface, représentant l’un des plus gros défis à régler pour leurs explorations.


Après le succès des américains dans ce domaine au XXe siècle, d'autres pays tel que la France vont devenir des pionniers en matière d'exploration sous-marine. En effet, on peut citer le FNRS III, un bathyscaphe, qui a permis à deux français de descendre à environ 4000 mètres de profondeur en 1954 au large de Dakar. Ce record pour l'époque va cependant être battu par nos très chers américains avec une plongée dans la fosse des Mariannes à 10916 mètres de profondeur avec le Trieste, permettant de ramener à la surface des "connaissances inestimables".

Source: https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/31/Underwater_Ice_Station_Zebra_52_-_DSV-1_in_2010_-_Flickr_-_The_Central_Intelligence_Agency.jpg


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Grâce aux succès du Trieste ou encore de l'Archimède, la course à l'exploration cette fois scientifique à l'aide de submersibles est désormais lancée. Le plus connu et toujours en fonction, est détenu par la marine américaine : l'Alvin. Ce sous-marin, a permis d'apporter d'importantes connaissances en matière de géologie et biologie marine avec la découverte des "fumeurs noirs", en 1979 sur la dorsale médio-atlantique. Ces fumeurs noirs, sont des sources hydrothermales qui expulsent de l'eau à une température dépassant les 350°C, colonisés par une importante vie marine encore peu connue, comme certaines espèces de moules ou de petits crabes.

Source:https://odysseedelaterre.fr/wp-content/uploads/2020/11/vie_abyssale_fumeurs_noirs_odyssee_terre.jpg

Bien que les missions d'exploration, d'un point de vue scientifique ou archéologique comme vu précédemment ont été nombreuses, la découverte de certaines ressources minérales comme les nodules polymétalliques à la fin du XIXe siècle par la frégate Challenger de la Royal Navy suscitent également un intérêt économique. Les nodules polymétalliques sont de gros galets, mesurant entre 5 à 10 cm de diamètre, constitués de fer et manganèse associés à des métaux tel que le cuivre, le cobalt, avec l'ajout de métaux rares comme le baryum. L'exploration de ces gisements virent le jour aux Etats-Unis à partir des années 60. Aujourd'hui, 22 pays ou organismes possèdent des contrats pour l'exploration des milieux marins profonds comme l'Ifremer en France.

Source:https://lejournal.cnrs.fr/sites/default/files/styles/visuel_principal/public/assets/images/34755_72dpi_vp.jpg

En conclusion, la conquête des abysses qui a débuté au XVIe siècle, se poursuit encore aujourd'hui. Si à l'époque nous ne pouvions nous limiter qu'à des plongées de quelques dizaines de mètres, aujourd'hui nous disposons de nouvelles technologies pouvant ainsi nous permettre de descendre à plus de 10000 mètres. Ceci nous ouvre donc de nouvelles opportunités de percer les mystères que renferment les tréfonds marins sur les plans scientifiques (géologique, biologique...). En effet, si certains pays comme les Etats-Unis et la France font partis des pays pionniers, d'autres comme la Chine ou le Royaume-Uni s'intéressent de plus en plus au domaine de l'exploration mettant en avant des enjeux scientifiques mais également des enjeux au niveau économique et industriel/militaire.

La zone Hadale

Dans l’enfer de nos océans

Dans la mythologie grecque, les Enfers sont des lieux souterrains où les âmes des morts y « vivent » pour le restant de l’éternité. Ce royaume est gouverné par Hadès, le dieu des Enfers.

Ce n’est donc pas pour rien que la zone Hadale porte son nom : située à 6000m sous la surface des océans, et dans un noir complet, la zone hadale reste un milieu mystérieux et où les conditions de vies y sont extrêmes.

Mais alors, que nous cache l’enfer des océans ?

Nous définirons dans cet article ce qu’est une zone hadale et je vous présenterais une des espèces que nous pouvons y trouver.


Pour commencer, il est important pour tous de savoir ce qu’est la zone hadale ou zone hadopélagique.

Je vous invite à observer ce schéma du site AquaPortail. Nous pouvons voir que la zone hadale se trouve juste sous la zone abyssale. Globalement, elle représente tout ce qui se passe à partir de 6000m en dessous de la surface de l’eau.

Le schéma nous montre une tranchée. Cela s’explique par le fait que les zones hadales sont majoritairement composées de fosses océaniques.

En effet, nous répertorions à ce jour seulement 46 zones hadales océaniques, dont 36 fosses (ou tranchées). Ces zones représentent à elles-seules plus de la moitié de la profondeur des océans.

La majorité des fosses océaniques (et donc des zones hadales) sont situés dans l’océan Pacifique, le long de ce qu’on appelle « la ceinture de feu ».

Cette zone est appelée ainsi, car elle est composée de nombreux volcans. Située aux bordures de plaques tectoniques, cette zone présente également une activité sismique importante.

Source : https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=24501917

C’est dans ces endroits que sont créées les fosses océaniques : par un mouvement de subduction, une plaque océanique plonge sous une autre plus dense, créant ainsi une tranchée très profonde.

  • Plus le pendage de la plaque est important, plus la fosse océanique sera profonde !

On retrouve ainsi plus de 64% de zone hadale dans l’océan Pacifique.

Maintenant que nous avons pu expliquer la définition et la création de la zone hadale, il est important de se pencher sur l’environnement qu’elle peut offrir.

Tout le monde le sait, les zones abyssales sont mystérieuses et présentent un environnement dangereux et à la limite de l’invivable.

La zone hadale n’échappe pas à cette règle : plongée dans le noir total, sa température avoisinent les 1°C à 4°C. La pression, elle, est de 600 à 1100 fois plus importante que sur Terre ! [1]

Nous aurions pu penser que la vie était impossible et pourtant, nous retrouvons dans la zone hadale des centaines d’espèces de poissons, mollusques ou crustacés (et surtout des crustacés).

Déjà, en 1959, Torben Wolf nous expliquait la manière de capturer les poissons de la zone hadale. Dans un article « La faune hadale ou faune des profondeurs supérieures à 6000-7000 mètres » de la revue d’écologie, « La Terre et la Vie », il nous décrit :

« Beaucoup de groupes de profondeur, tels que les Actinies, les Polychètes, les Mollusques et les Echinodermes, vivent presque exclusivement sur le fond. Mais parmi les Crustacés il peut être difficile, par exemple, de dire si une espèce vit sur le fond ou en pleine eau. La seule manière d’étudier la faune pélagique et sa distribution verticale est d’employer des filets à fermeture. On les immerge fermés, puis on les ouvre en profondeur et on les relève verticalement aux niveaux que l’on veut étudier. Dès que l’on a atteint la limite supérieure e ces niveaux le filet est refermé avant de le ramener à la surface. »

Aujourd’hui, les techniques ont évolué et nous pouvons découvrir de nouvelles espèces beaucoup plus facilement.

C’est ce qu’il s’est passé au cours de l’année 2022 : Lors d’une exploration dans la fosse d’Izu-Ogasawara, près du Japon, un robot sous-marin a enregistré une nouvelle espèce de poisson-limace. Située en dessous de 8836m sous la surface de la mer, les Pseudoliparis belyaevi, un poisson-limace a pu être filmé :

Dans une fosse voisine, les scientifiques ont pu attraper ces mêmes poissons à des profondeurs avoisinant les 8000m sous la surface de l’eau afin de les étudier.

Il a été expliqué que le corps gélatineux du poisson, sa façon de s’alimenter et l’absence de vessie natatoire (organe servant à faire flotter un poisson à une profondeur voulue) lui offre des avantages à la survie dans un milieu abyssale.

Cependant, selon le scientifique Alan Jamieson, le chef de l’expédition en question, il sera difficile de battre la profondeur de la présence d’un poisson : « Si ce record est battu, ce ne sera que par petits pas, potentiellement de quelques mètres seulement »


Pour conclure, nous pouvons résumer la zone hadale à un secret qui se dévoile petit à petit.

Les futures explorations et le développement de nouvelles technologies nous permettra sans doute de découvrir et de comprendre davantage ce qu’il se passe sous l’eau.

Je vous invite à aller visiter l’article sur la Fosse des Mariannes afin d’en apprendre plus sur les fosses océaniques, ces maîtresses de l’enfer des océans.