Une vie souterraine entraînerait une vie dans un espace restreint. Cependant, cela peut avoir des conséquences dramatiques sur nos modes de vie. Ne plus pouvoir sortir librement, s’aérer l’esprit, profiter du soleil ou même voyager. Nous pouvons rapidement perdre la tête et tous les codes sociaux pourraient disparaître. Ce serait la loi du plus fort, dans un nouveau monde où tout est à refaire.
L’isolement et la privation sensorielle
L’un des premiers impacts d’une vie souterraine serait l’isolement total du monde extérieur. Dans un espace confiné, l’absence de lumière naturelle, de vues extérieures et de contacts avec l’environnement extérieur pourrait rapidement affecter l’équilibre psychologique des individus. En effet, le manque de lumière du jour et d’air frais est reconnu pour son effet négatif sur le bien-être mental. L’organisme humain est adapté à un rythme circadien lié aux cycles de lumière et d’obscurité, et l’absence de ces repères naturels perturberait nos horloges biologiques. Les individus pourraient ainsi souffrir de troubles de l’humeur, comme la dépression ou l’anxiété. Le sentiment d’enfermement dans un espace clos engendrerait une sensation d’étouffement, voire de claustrophobie, d’autant plus si la densité de la population dans ce milieu restreint est élevée.
Les effets sur la psychologie humaine
Sous pression constante, la psychologie humaine serait mise à rude épreuve. En l’absence de contacts avec l’extérieur et des repères sociaux classiques, les individus pourraient développer des comportements extrêmes. L’un des risques majeurs serait l’effritement des structures sociales, avec l’apparition de conflits pour le contrôle des ressources limitées (nourriture, espace, eau). L’anxiété liée à la survie, couplée à un sentiment d’impuissance face à l’immensité du confinement, pourrait mener à des troubles psychologiques graves. Le stress chronique et la peur de l’inconnu pourraient aussi provoquer des réactions impulsives et violentes, exacerbant les tensions entre individus.
“Les principaux facteurs de stress dans un sous-marin sont l’environnement hostile, le confinement et l’isolement (du fait des interactions quasi inexistantes avec le monde extérieur), les espaces de travail et de vie réduits, l’absence de reconnaissance jour-nuit, le manque de lumière du jour, la routine”
Les impacts sur l’humeur et la motivation
L’absence d’activité physique, de distractions et de changement d’environnement affecterait également l’humeur des individus. La monotonie d’un espace restreint et la nécessité de rester constamment vigilant entraîneraient une démotivation généralisée. L’isolement pourrait créer des comportements antisociaux, car les individus, privés de leur libre-arbitre, pourraient se replier sur eux-mêmes, devenant plus égocentriques, voire paranoïaques.
“Il a été démontré que des changements importants de la pensée et du comportement pouvaient être induits par la privation sensorielle. En effet, l’intensité ou la variété des stimuli est réduite. La stimulation sensorielle monotone provoque une altération de la capacité à apprendre ou à penser. Elle peut engendrer des troubles de la concentration, de l’anxiété, des plaintes somatiques et une désorientation temporo-spatiale, voire des déficits dans l’exécution des tâches et des hallucinations. »
En parallèle, certaines personnes pourraient développer une forme de résilience mentale face à ces difficultés. Le besoin de solidarité et d’entraide, bien qu’ébranlé par les tensions, pourrait se manifester par une coopération dans la survie, ce qui serait crucial pour le maintien de la cohésion sociale dans cet environnement extrême.
“Les êtres humains comptent sur le soutien social pour éclairer leur perception du monde, de l’environnement, d’eux-mêmes et de la réalité. La connectivité sociale est une condition préalable à un ajustement social à long terme. Nous évaluons et maintenons notre personnalité, notre sens de soi et notre identité en fonction de la manière dont nous croyons que les autres nous perçoivent.”
La rupture des liens sociaux et la formation de nouvelles dynamiques
Les relations sociales, telles que nous les connaissons, seraient sérieusement altérées. La proximité forcée entre individus pourrait provoquer des conflits ou au contraire, favoriser des liens de solidarité. En l’absence de nouveaux stimuli externes (comme des visites, des événements sociaux, ou des voyages), les rapports humains se réduiraient à une dynamique de survie. Dans cet espace clos, les comportements d’entraide, ou à l’inverse de domination, prendraient le pas sur des interactions plus équilibrées. L’humanité serait alors confrontée à un dilemme : soit renouer avec la solidarité pour garantir la survie collective, soit succomber à la loi du plus fort, où l’individualisme et l’égoïsme dictent la règle.
Expérience Deep Time
L’expérience Deep Time, menée en mars 2021 dans la grotte de Lombrives en Ariège (France), avait pour objectif d’explorer les effets de l’isolement complet sur le corps et l’esprit humains, notamment en l’absence de repères temporels. Pendant 40 jours, 15 volontaires (8 hommes et 7 femmes âgés de 27 à 50 ans) ont vécu sous terre, privés de lumière naturelle, de montre et de communication avec l’extérieur. Ils devaient s’adapter à un environnement froid (10 °C), humide et isolé, tout en accomplissant diverses tâches scientifiques et quotidiennes. L’étude a révélé une altération profonde de la perception du temps : sans repères, certains participants estimaient avoir passé beaucoup moins ou beaucoup plus de jours dans la grotte. Malgré des difficultés initiales, les membres du groupe ont montré une grande capacité d’adaptation, développant des rythmes biologiques et psychologiques propres. Les résultats de cette expérience ouvrent des perspectives pour les missions spatiales, la médecine ou d’autres situations d’isolement extrême, en mettant en lumière les limites et la résilience de l’être humain face à des conditions extrêmes. Cette étude est un bon indicateur de comment nous réagirions face à cette situation, par exemple si nous devions vivre sous la terre…
Étude santé mentale des français pendant le confinement
“Nous avons pu interroger 6545 participants, avec un maintien du taux de participation de 46 % et 27 % de notre échantillon premier au cours du temps (voir figure 1). Les données manquantes ont été traitées nous permettant d’effectuer les analyses statistiques. Notre échantillon de départ est composé à 65 % de femmes (n = 4234) et 35 % d’hommes (n = 2311), avec un âge entre 18 et 60 ans et un âge moyen de 48,2 ans (ET = 16,30) (cf. tableau 1).
L’impact psychologique évalué directement par une mesure de la détresse psychologique oscille selon les indicateurs entre 11 et 22 %. Dans les premières semaines de confinement, 19 % des personnes interrogées déclarent ressentir un haut niveau d’anxiété ; 22 % un haut niveau de stress, 11 % un haut niveau de dépression ; 15 % un haut niveau d’irritabilité. Des scores assez similaires sont observés durant les dernières semaines de confinement (15 % de haut score d’anxiété ; 19 % de haut score de stress ; 11 % de haut score de dépression ; 14 % de haut score d’irritabilité).”
Tableau 1:
Types de personnes interrogées:
Conclusion : un monde sous pression psychologique
La vie souterraine mettrait les individus à l’épreuve de manière inédite. La privation de liberté, le manque d’interactions sociales et la constante pression psychologique exercée par un environnement hostile pourraient engendrer des comportements imprévisibles et potentiellement destructeurs. La santé mentale et physique des individus serait gravement affectée, mais cette situation extrême pourrait aussi donner lieu à des comportements adaptatifs, où la solidarité et la créativité seraient des clés de survie. Néanmoins, la difficulté de maintenir des liens sociaux sains et la pression constante du confinement feraient de cette vie souterraine un véritable défi pour l’humanité. Les différentes études que nous avons vues nous ont permis de mettre en évidence les difficultés qu’une vie souterraine pourrait engendrer. Grâce à cela, nous pouvons trouver des solutions. Par exemple, nous pourrions créer des espaces privés pour chacun afin de permettre à tout le monde d’avoir de l’intimité, et également des faux-plafonds qui montreraient différents paysages et différentes météos car nous avons vu l’importance pour l’être humain d’être en contact avec différents environnements, afin d’avoir l’impression d’être toujours à la surface et de gros ventilateurs pourraient remplacer le vent. L’IA peut nous donner un aperçu de ce à quoi cela pourrait ressembler:
Bibliographie
- L’isolement et la privation sensorielle/Les effets sur la psychologie humaine/Les impacts sur l’humeur et la motivation Source:
Alban Le Bihan. Troubles psychiques en milieux isolés, confinés et extrêmes : l’exemple des missions spatiales, antarctiques et sous-marines. Une revue systématique de la littérature. Sciences du Vivant [q-bio]. 2022. ⟨dumas-03831629⟩, page 32. https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-03831629/file/These-Medecine_Psychiatrie-2022-LE%20BIHAN_Alban.pdf? - Expérience Deep Time
Lien vers le site officiel: https://deeptime.fr/ Lien vers le plan de la grotte: https://books.google.fr/books/publisher/content?id=kj1EEAAAQBAJ&hl=fr&pg=PT6&img=1&zoom=3&ots=ag2KpSnh3S&sig=ACfU3U2AfD7EMZd3clR2dtF6f0YboYG9Yg&w=1280 - Types de personnes interrogées : Par Delphine Traber, Marie Jauffret- Roustide, Jérémy Roumian, Margot Morgiève, Natacha Vellut, Xavier Briffault, Christian ClotL’impact du confinement sur la santé mentale, l’importance des signaux faibles et des indicateurs fins. Résultats préliminaires de l’enquête Covadapt, (2020), L’information Psychiatrique, Volume 96, pages 632 à 638
https://shs.cairn.info/revue-l-information-psychiatrique-2020-8-page-632?lang=fr
Par Baptiste BERTIN